le « crecman » Jérôme Larduinat disparaissait accidentellement, en pratiquant son sport favori, le 1er avril 1995. Cette onde de choc passera de génération en génération, pour contribuer a donner un sens au mot crecman.
(A Gauche Jérôme LARDUINAT avec Frédéric PINAULT, Yohann MOREAU, Cyril CALAUX, Yoni AUBERT)
Article du 01/04/2005: Jérôme Larduinat, dix ans déjà…
Jérôme Larduinat était l’un des éléments moteurs du CREC de Saint-Amand-Montrond.
Le 1er avril 1995, Jérôme Larduinat disparaissait accidentellement dans le prix de Moulins. Dix ans après, le souvenir du coureur valencéen est toujours présent dans les pelotons.
Peut-être n’aurait-il jamais fait carrière chez les professionnels. Le jour où son étoile s’est mise à briller dans le ciel, Jérôme Larduinat était pourtant un espoir du cyclisme. Dix ans jour pour jour après sa tragique disparition, ils sont encore nombreux à en garder un souvenir ému.
Dans une discipline où l’on a tôt fait de vous affubler d’un surnom, il était « Larduine » de Valençay. « Un élément moteur du CREC de Saint-Amand-Montrond, raconte Benoît Carré, alors son mentor au sein du CREC. C’était le porte-parole du groupe. Pas quelqu’un de revendicatif, mais un coureur qui, s’il ne pouvait pas gagner, allait quand même tout faire pour saisir la moindre opportunité. »
L’émotion à peine voilée, l’ancien responsable du pôle se souvient : « Pour lui, la notion d’efforts était là simplement pour le plaisir. On l’aimait parce qu’il était tout fou. Il disait “ Je vais tout faire péter ” et ce sont les copains du CREC qui récoltaient derrière. »
Pour Benoît Carré, la cicatrice ne se refermera jamais vraiment. « Il ne voulait pas courir à Moulins. J’avais gardé les juniors du CREC en stage et lui préférait rester avec ses copains. Mais comme il était espoir, je lui ai dit qu’il fallait qu’il coure. Un rendez-vous avait été fixé pour partir à la course. En attendant la personne qui l’y conduirait, il a discuté longuement avec un éducateur sportif de la ville. A ce moment-là, je n’y ai pas prêté attention, mais il parlait du CREC, de ce qu’il avait fait avant. Il racontait sa vie… »
Quelques heures plus tard, le destin venait faucher le coureur. Il avait juste vingt ans. « Ils étaient douze coureurs échappés, raconte, Lydie, la maman de Jérôme. Dans une descente, à 70 km/h, Jérôme a percuté la voiture qu’un dirigeant avait mal garée sur le bord de la route. Il a été tué sur le coup. »
“ Larduine ” le symbole des “ Crecmen ”
« Quand il a fallu annoncer la nouvelle aux membres du CREC, je les ai rassemblés pour leur expliquer que Jérôme luttait contre la mort, explique Benoît. Je ne voulais leur dire la vérité qu’après leur course, le lendemain. Le jour en question, dans l’étape du matin, Nicolas Vogondy a gagné, mais Merciris et Djouad-Guibert ont couru pour Jérôme et se classent deux et trois. Le midi, ils ont appris le décès de “ Larduine ”. » L’onde de choc sera terrible.
« Durant quelques semaines, il y a eu un flottement. Moi-même, je me suis interrogé sur ma mission. Jérôme faisait partie d’une promotion qui avait quelque chose de plus que toutes les autres. A lui seul il symbolisait ce qu’étaient les “ Crecmen ”. »
« Il se plaisait au CREC, poursuit Lydie Larduinat. Mais il courait aussi pour Vineuil après avoir débuté à Saint-Aignan. » A leur façon, les communes de Saint-Aignan, Valençay ou Saint-Amand ont, depuis, souhaité saluer la mémoire du coureur. « Tous les ans, début avril à Saint-Amand, il y a une course qui lui est dédiée et, en juillet, c’est le Souvenir entre Saint-Aignan et Valençay. » Deux courses où la famille de Jérôme retrouve quelques-uns de ceux qui côtoyaient Jérôme. Parce que « Larduine » est resté dans les mémoires.
Nicolas TAVARES